- Bonjour Stéphanie MORIN, parlez-nous de votre parcours :
Après avoir obtenu un Master en Pharmacologie, pharmacocinétique, toxicologie et développement des produits de santé (parcours recherche : toxicologie du médicament), j’ai fait un doctorat en Toxicologie à l’Université Paris V – René Descartes. Ma thèse de doctorat réalisée au Laboratoire d’immuno-allergie alimentaire INRA-CEA, a porté sur l’étude de l’influence de la composition du microbiote intestinal sur le développement des allergies alimentaires.
J’ai ensuite été chargée de recherche en 2013 & 2014, à l’ANSES et j’ai obtenu ma qualification aux fonctions de Maître de Conférences.
En décembre 2015, j’ai créé l’association pour le mieux-être par la biodiversité en Martinique : BIODIVMA.
- Pourquoi êtes-vous revenue à la Martinique ?
Mon retour en Martinique était déjà prévu au moment de mon départ à l’âge de 17 ans. Durant mon cursus universitaire, j’ai gardé un lien très proche avec mon île natale afin d’y développer divers projets. Je souhaitais acquérir des compétences qui me permettraient de participer à l’essor de domaines d’excellence et d’innovation. Une fois mes diplômes obtenus, je n’ai pas hésité à revenir et à proposer différents projets de recherche et de développement pour améliorer la qualité de vie en Martinique, grâce à l’utilisation des ressources naturelles locales.
- Parlez-nous de votre association :
BIODIVMA est une association à but non lucratif dont les objectifs sont d’une part, d’améliorer les connaissances et la valorisation des ressources naturelles locales d’origines marine et terrestre, et d’autre part, de sensibiliser et d’impliquer la population. Les notions de solidarité, prévention et précaution sont toujours mises en avant.
Afin d’atteindre ces objectifs, plusieurs actions sont donc réalisées :
Nous organisons des évènements scientifiques et culturels comme par exemple, “Les rendez-vous éco’pratiques de Biodivma” qui consistent à se réunir autour d’une ressource végétale. Les participants peuvent déguster des mets concoctés à partir de la ressource végétale à l’honneur, puis assistent à une conférence suivie d’un débat. Le rendez-vous continue avec une promenade au jardin pour l’identification et se termine avec les ateliers pratiques, présentant plusieurs méthodes de transformations pour différents usages (cosmétiques, alimentaires, médicinales…). Le principe est de sensibiliser et d’informer sur les aspects de sécurité, car naturel ne veut pas dire sans danger, tout en passant un moment de partage agréable et convivial. Ces rendez-vous éco-pratiques permettent de valoriser les produits locaux et de transmettre un savoir-faire. À la fin, les participants reçoivent des échantillons et des cadeaux originaux.
Nous effectuons également des travaux de recherche afin d’étudier les caractéristiques de ressources naturelles, pour optimiser leur utilisation dans divers secteurs (agro-alimentaire, cosmétique, phytosanitaire…). Le profil toxicologique est également analysé.
Nous participons aussi au développement de produits finis sains, sûrs et éco-responsables. Ces travaux expérimentaux sont réalisés au sein du Laboratoire BIOSPHERES de l’Université des Antilles Pôle Martinique, grâce à une convention de partenariat qui permet l’utilisation de leur matériel en échange de l’apport de l’expertise toxicologique.
- Quels sont vos projets et vos perspectives à venir ?
J’ai beaucoup de projets en perspective, qui me tiennent à cœur. Ils impliquent tous la notion de prévention du risque.
Je veux proposer des services de conseils et d’expertises toxicologiques aux fabricants de produits cosmétiques et alimentaires (évaluation du risque et calculs de marges de sécurité, rédaction des DIP et des rapports de sécurité).
J’ai également des projets de R&D comme par exemple, la mise au point de phytobiotiques issus de ressources végétales locales (compléments alimentaires stabilisateurs du microbiote intestinal).
Mon projet Biodivmagro a pour objectif de participer à la structuration de la filière agricole (production et agro-transformation) par le développement d’un circuit de production en partenariat avec différentes filières éducatives (agro-alimentaires, nutrition, biotechnologies…) et la formulation de produits innovants.
La Martinique regorge de trésors naturels, dont une meilleure connaissance permettrait un usage adapté et sans danger. La maîtrise de la sécurité est une étape incontournable pour la commercialisation de produits destinés à être en contact avec les organismes vivants et l’environnement. La mise en place d’un système local d’analyse du risque toxique des substances, serait un atout pour le développement d’inventions innovantes et éco-responsables.
L’objectif final étant la mise en place d’une démarche durable afin de prendre soin de soi plutôt que se soigner.
Merci Stéphanie MORIN de nous avoir accordé cet interview, bonne continuation et rendez-vous sur la page Facebook de BIODIVMA pour suivre son actualité !
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